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De la rue à la scène: Le parcours unique de Caya

Spikoli

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Je tiens à souligner que dans le vaste panorama de la culture, une multitude de facettes artistiques se déploient, chacune portant en elle des motivations diverses. 

Né le 7 mars 1978 à Longueuil, Caya a émergé comme une figure emblématique du rap québécois, non seulement grâce à son talent artistique, mais aussi à son engagement social profondément enraciné. Son parcours tumultueux, a façonné son identité et l’a conduit à devenir un pilier de la scène Hip-Hop québécoise.

Dès son adolescence, Caya a été attiré par l’organisation d’événements, louant des espaces tels que des clubs ou des sous-sols d’église pour offrir une plateforme à la culture Hip-Hop naissante. Cette passion précoce pour l’organisation d’événements a jeté les bases de sa future carrière dans le domaine musical.

L’ascension de Caya dans le monde du rap a été marquée par des moments décisifs, comme celui où il a réalisé durant son adolescence son amour pour l’aspect artistique du Hip-Hop lors d’un concert à Trois-Rivières, où la foule reprenait en chœur ses refrains. Fort de cette expérience, il a rapidement trouvé sa voie dans l’industrie musicale.

Parallèlement à sa carrière artistique, Caya a toujours maintenu un lien étroit avec sa communauté. Son implication à la Maison Kekpart de Longueuil a été un exemple éloquent de son dévouement envers les jeunes en difficulté.

Photo : Caya

En tant qu’intervenant, il a suivi diverses formations pour acquérir les compétences nécessaires afin d’offrir un soutien émotionnel et pratique à ceux qui en avaient le plus besoin. Sa propre expérience de vie lui a permis de développer une compassion authentique et une compréhension profonde des défis auxquels étaient confrontés les jeunes de sa communauté.

En 2001, Caya a marqué l’histoire du rap québécois avec la sortie de la compilation “Le Zoo“, comprenant le morceau emblématique “Front l’original“, qui est rapidement devenu un classique du Hip-Hop underground au Québec. Au fil des années, il a enchaîné avec succès les albums solo, tels que “D’losti d’bon stock” (2001), “La rue m’rattrape” (2004), “Parti de rien” (2007), “Au cœur de la tempête” (2010), “Orgueil ou trahison” (2019) et “Les années passent” (2023), affirmant ainsi sa place dans l’histoire de la musique québécoise.

En restant fidèle à ses convictions, la chanson “La rue m’rattrape” est devenue un classique des années 2000, offrant un récit poignant de son vécu. Avec le recul de deux décennies, cette chanson demeure d’une pertinence saisissante, témoignant toujours de manière poignante de son expérience.

Outre ses albums commerciaux, Caya a également publié des mixtapes, distribuées principalement par le bouche-à-oreille et ses contacts personnels. Des productions telles que “Side Line vol.1” (2006) et “Side Line vol.2” (2008) ont contribué à élargir son influence au Sein de la communauté Hip-Hop.

Caya s’est distingué en tant qu’artiste indépendant en organisant plusieurs événements majeurs sur la rive-sud. Son engagement dans la promotion de la culture Hip-Hop a été particulièrement remarquable. Malgré le manque de soutien des grands médias, il a réussi à attirer un public nombreux et passionné à la Maison Kekpart. Cet exploit témoigne non seulement de son talent artistique, mais aussi de sa capacité à mobiliser sa communauté autour de sa passion pour la musique.

Photo : Caya

Il a ainsi prouvé sa volonté inébranlable de faire entendre sa voix ainsi que celle de sa communauté, affirmant ainsi son statut d’artiste accompli.

Caya cumule désormais aujourd’hui (3,5 millions de clics sur YouTube et 2,5 millions d’écoutes sur les plateformes numériques).

En 2024, Caya est reconnu comme l’un des vétérans du Hip-Hop québécois. Sa contribution artistique et sociale indéniable témoigne de la profondeur de son engagement envers sa communauté et son art. Avec une carrière aussi riche en réalisations musicales et en actions sociales, Caya incarne l’esprit du Hip-Hop en tant que force motrice du changement et de l’expression authentique.

Toujours actif, Caya vous invitent le 24 février à La Factrie 17 du Marche dans la ville de Valleyfield dès 20h00.

Photo : Caya

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  1. Pingback: « Certains jouent à ça » de Caya & RJ Boy – Magazine Hip-Hop | Réseau social Underground

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Entretien avec Kra-Z-Noize, le Human beatbox québécois

Son parcours illustre une immense passion pour le beatboxing et une capacité exceptionnelle à transformer les sons en émotions.

Spikoli

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Si les quatre piliers officiels de la culture hip-hop sont le DJing, le MCing, le breaking et le graffiti, le beatboxing y occupe néanmoins une place paradoxale : souvent qualifié de « cinquième élément », il reste un aspect sous-estimé, malgré son rôle historique.

Car dès les années 1970, des légendes comme Doug E. Fresh et les Fat Boys l’ont pourtant utilisé comme colonne vertébrale rythmique pour les MC et les danseurs. KRS-One, considéré comme le « professeur du rap », évoque même une dimension philosophique étendue du hip-hop, intégrant des éléments comme la connaissance de soi et l’entrepreneuriat.

Kra-Z-Noize : le Human beatbox du Québec

Débuts précoces

Il faut dire qu’à son arrivée au Québec au tournant des années 80, le petit Éric Pascal (de son vrai nom) n’avait, bien sûr, aucune idée de sa destinée. Comme bien des garçons de son âge, il aimait s’amuser à fredonner «La chanson des Schtroumpfs» (créée par le belge Peyo), issue de la série aux petits bonhommes bleus, tellement adorée par les jeunes enfants.

D’origine haïtienne, le jeune Éric s’adapta fort bien à son nouvel environnement de la banlieue de Montréal et son goût pour la musique, particulièrement l’art vocal, s’y développa naturellement au point d’en devenir une passion:

« Dès mon plus jeune âge, ma passion pour la musique s’est nourrie de l’imitation de mon idole absolue, Michael Jackson. Fasciné par le charisme et la maîtrise scénique du « roi de la pop », j’ai perfectionné mes techniques de beatbox en m’inspirant de son génie vocal. Les Fat Boys, pionniers du beatbox et du rap old-school, ont également marqué mon parcours, influençant ma précision rythmique et mon engagement envers l’art vocal. »

Poursuivant sur sa jeune lancée, son baptême scénique en tant que Human beatbox eut lieu lors d’un spectacle des Fêtes de la Saint-Jean-Baptiste à Rivière-des-Prairies. C’est lors de cette prestation, où il devait initialement jouer un rôle secondaire, que celui qui allait éventuellement devenir Kra-Z-Noize vola la vedette. Il avait seulement 9 ans, et il s’imposait déjà comme un artiste émergeant.

Son ascension se poursuit à l’adolescence

Après sa performance à la Saint-Jean, il enchaîna avec des compétitions informelles dans les cours d’école et dans la rue. Une époque où il rivalisait en battles hors des grandes scènes pour son pur plaisir, mais non sans heurts parfois:

« Je suis un compétiteur acharné, j’ai affronté les scènes de battles de Human beatbox durant mon adolescence. Certaines rivalités ont dégénérés, me confrontant même à des agressions physiques de la part de mes adversaires, humiliés par leurs défaites et allant jusqu’à me faire poignarder.

À un moment donné, j’ai arrêté de faire des compétitions, car ma vie était plus importante et ce n’est pas ce que je voulais vivre dans mon quotidien. Se faire poignarder pour une passion n’était pas dans mes ambitions. »

Tournant la page des compétitions, il réoriente alors sa carrière vers des scènes jeunesse (Pepsi Jeunesse, écoles secondaires, Cégep de Rosemont et autres), où son talent éclate sans limites. 

Il se fait remarquer à la télévision

Son talent presque inné pour le beatboxing n’allait pas passer inaperçu. Loin de là !

Sa première expérience télévisée remonte au duo Style-E-Nation, fondé dans les années 1990, avec une apparition à l’émission Bonne Humeur, animée par le regretté Michel Louvain.

À 22 ans, il est invité par Richard Z. Sirois à l’émission de Sonia Benezra, consolidant sa visibilité médiatique.

Plus tard, en mars 1998, Kra-Z-Noize a la chance de faire la première partie de Shades of Culture, lors du championnat de break ROCKON 98 tenu à Montréal.

De plus en plus en demande, Kra-Z-Noize est régulièrement sollicité pour performer dans de nombreux événements et émissions télévisées. Sa polyvalence et son énergie scénique électrisante font de lui un atout précieux pour les organisateurs de spectacles et les producteurs de télévision. Il participe à plusieurs émissions, dont :

  • Vazimolo : Participation solo à l’émission jeunesse culte d’André Robitaille, où il déploie son beatbox devant un public familial
  • Scène de rue : Chantal Lacroix, impressionnée par son talent, l’invite à deux reprises
  • Bouge de là : Participation en 1997, 1998 et 1999 sur les ondes de Musique Plus avec Juliette Powel et Varda Étienne

Une audition avec Juste pour rire qui allait tout changer

Que Kra-Z-Noize, un Human beatbox, soit associé au Festival Juste pour rire, réputé pour le stand-up comique, représente un mélange assez surprenant.

Comment s’est établie cette connexion entre l’univers du beatbox et celui de l’humour ?

«En 2000, le Festival Juste pour rire m’a auditionné pour performer aux spectacles de rue, une facette importante du réputé festival d’humour. Non seulement j’ai obtenu le gig mais Luce Rozon (la sœur de Gilbert Rozon) m’a également offert de participer à un gala du Festival au Théâtre Saint-Denis, marquant un tournant dans ma carrière.

L’engouement pour le beatboxing était tel que, lors de ma prestation sur la rue, les pompiers de Montréal ont dû intervenir et arrêter mon show car il y avait beaucoup trop de monde, ce qui nuisait à la sécurité.

Lors de cette prestation en extérieur, j’ai aussi été approché par un promoteur asiatique en voyage. Il m’a proposé un spectacle à Singapour. Par la suite, j’ai découvert qu’il s’agissait en fait de deux semaines de performances pour l’inauguration d’un grand centre commercial.»

Interrogé sur cette aventure en Asie, il se remémore une famille assidue dont l’enfant, captivé, exigeait de le voir performer quotidiennement, un lien touchant illustrant l’impact humain qu’il avait avec son public.

Cet événement était, sans le savoir, représentatif de l’amour de ses fans tout au long de sa carrière, illustrant son pouvoir d’attraction sans précédent.

Les collaborations qui propulsent sa carrière

Dans le cadre de sa carrière musicale, il a eu l’occasion de collaborer avec plusieurs groupes influents.

«Grace à mon statut d’ambassadeur du beatbox canadien, j’ai eu des collaborations clés avec le duo Vai et K.Maro (alias Lyrix), renforçant mon statut et mon réseau, ainsi que ma reconnaissance à l’échelle nationale et internationale.

J’ai élargit mon influence artistique avec des performances marquantes, dont aux FrancoFolies avec Shades of Culture et aux Bermudes, où la scène culturelle mêle héritage africain et influences caribéennes.»

«Avant la sortie de mon album en 2007, j’ai rejoint le collectif en tant que beatboxeur, décrochant notamment l’opportunité d’ouvrir les concerts de Maestro Fresh Wes à Montréal – une consécration symbolique dans l’univers du hip-hop canadien. Fresh Wes voulait m’avoir dans son équipe, mais je suis resté fidèle à mon groupe Shades of Culture. C’était de belles expériences de vie.

À 25 ans, j’ai été repéré par Dubmatique lors d’un événement clé, où D Soul m’a invité à assurer la première partie de plusieurs spectacles, marquant le début de collaborations stratégiques.»

Ces expériences scellent sa réputation d’artiste polyvalent, capable de mixer prouesses techniques et connexion authentique avec le public dans une dualité qui nourrit son ascension dans l’écosystème du hip-hop.

«Je me suis produis sur des scènes prestigieuses comme le Théâtre St-Denis, le Métropolis, le Medley et le Spectrum de Montréal. J’étais aimé par le public pour mon énergie et mes techniques vocales hors normes. J’ai impressionné également Normand Brathwaite lors d’une émission télévisée sur Télé-Québec, et quand tu impressions Normand, tu le sais que tu n’es pas mauvais du tout.»

Aux côtés dE NORMAND BRATHWAITE LORS DE L’ÉMISSION BELLE ET BUM SUR LES ONDES TÉLÉ-QUÉBEC

Tu as fait partie d’un autre groupe au début des années 2000. Peux-tu en dire davantage sur cette expérience ?

«C’était une belle époque, entre 2001 et 2006, de faire partie du groupe Trip Sonik avec François et Junior, en multipliant les performances, dont des galas Juste pour rire. Mais c’est une partie de ma carrière qui n’a pas eu le dénouement escompté au final.»

La sortie de son album Kra-Z-Noize en 2007

Leurs chemins se séparent en 2007, année où Kra-Z-Noize connaît un tournant décisif. Trois semaines après l’envoi de sa démo, il signe avec Disques TOX pour son album Kra-Z-Noize, la même maison de disques ayant produit Dubmatique .

Très apprécié du public et du milieu, son album reçoit une nomination à l’ADISQ.

«Mon titre phare Pas d’argent s’est imposé comme un classique du rap québécois, consolidant ma légitimité artistique. Mon album a atteint la première place du palmarès CKOI, en plus d’y rester 19 semaines. J’ai décroché une nomination à l’ADISQ dans la catégorie Album de l’année, mais c’est Michaël avec son album Il Tempo qui l’a emporté.»

Un enfant ravive sa flamme

Malgré une période creuse dans sa vie personnelle, Kra-Z-Noize rebondit grâce à une détermination inébranlable et son amour pour la vie. Un moment clé le marque : alors qu’il fait ses courses au IGA, un enfant le reconnaît et lui demande un autographe. Ce simple geste, alors qu’il signe pour le jeune admirateur, lui rappelle son impact et ravive sa flamme artistique.

Il transpose cette expérience dans sa chanson Ma maison la rue pour le projet de Dan Bigras. Le clip met en scène des sans-abris qu’il a invités à participer en les rénumérant, offrant une visibilité poignante à leur réalité. Lors de la présentation du projet, il reçoit une ovation – distinction unique parmi des artistes comme Annie Villeneuve, Sylvain Cossette, Stéphanie Lapointe, Marjo et Éric Lapointe.

Collaborer avec La Compagnie Créole, ces légendes intemporelles, tout en représentant l’univers du rap, ç’a dû être un mélange surréaliste pour toi, non ?

«J’ai enchaîné les premières parties de La Compagnie Créole lors d’une tournée éclair de deux mois, consolidant ma place sur scène. Après cette série d’événements, j’ai choisis de prendre du recul et je me suis tourné vers le domaine de la construction, recentrant mon énergie avant de nouvelles ambitions. J’avais l’impression d’avoir fait le tour de ce que je pouvais offrir.»

Un éventuel retour sur scène

Kra-Z-Noize incarne une énergie contagieuse sur scène, captivant les spectateurs avec ses techniques vocales impressionnantes et sa virtuosité unique. Son parcours illustre une passion immense pour l’art du beatboxing et une capacité exceptionnelle à transformer les sons en émotions.

Entre son travail et ses occupations personnelles, Kra-Z-Noize développe un spectacle innovant alliant beatbox, humour et danse. Un projet qui fusionnerait prouesses vocales, dynamisme scénique et interactions ludiques, repoussant les limites traditionnelles de l’art du beatbox.

Après une période de recul dans ton parcours artistique, quelles sont tes ambitions pour la suite et comment envisages-tu de te réinventer ou de reprendre le chemin de la scène ?

«Bonne question, je travaille sur un scénario qui est écrit, qui mêle l’univers sonore de mon idole Michael Jackson à l’ intensité physique de Bruce Lee, créant ainsi un langage artistique hybride.»

Donc, est-ce qu’on peut s’attendre à te revoir sur scène un jour ?

«Je suis né pour ça, je dois refaire un dernier tour de piste, non parce que je cherche à faire de l’argent, je travaille déjà pour ça à ma job, mais bien pour la passion et l’amour de la culture qui m’a fait grandir dans mon art.

Je souhaite un spectacle où le beatbox rencontre l’énergie scénique d’un MJ et la précision martiale d’un Bruce Lee.»

Revenir dans le milieu artistique après autant d’années n’est pas une tâche facile. Es-tu actuellement à la recherche d’un producteur pour ton scénario, ou envisages-tu de t’autoproduire ?

«Actuellement, je suis en quête de producteurs partageant mes valeurs, et j’insiste sur la nécessité de préserver l’essence de mon idéologie artistique. Mon objectif est d’obtenir la latitude créative nécessaire pour performer sans compromis, fidèle à mon style unique qui a forgé ma réputation au sein de l’industrie.

Avec ce projet, je ne cherche pas à révolutionner, mais à honorer mon parcours tout en explorant de nouveaux territoires. Une démarche qui témoigne de ma maturité, de ma détermination à évoluer sans renier mes racines, portée par l’envie de me connecter autrement avec mon public.

Je ne suis pas parfait dans la vie, j’ai fait des erreurs qui m’ont permis de devenir l’homme que je suis aujourd’hui et cet homme est celui que j’ai toujours été au fond de moi.»

Il tient à souligner le soutien indéfectible de Chantal Lacroix, du metteur en scène Christian Veniza (metteur en scène de son futur projet) et de l’humoriste Jacques Chevalier. Une manière de rappeler que son parcours, marqué par des collaborations audacieuses, soulignant l’importance des alliances dans l’écosystème culturel.

Avec une carrière marquée par des succès locaux et internationaux, Kra-Z-Noize reste une figure incontournable du rap et du beatbox au Québec.

Au nom de toute la communauté hip-hop, nous lui souhaitons tout le succès qu’il mérite ainsi que la meilleure des chances pour la réalisation de son nouveau projet qu’il chéri.

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Entrevues

Entrevue avec DJ Cut Killer

Ils vont sur les plateformes, écoutent un morceau, et s’ils l’aiment, ils l’écoutent trois semaines plus tard, un autre morceau sort. Le dernier son passe, et on écoute le nouveau. Les gens de l’époque avaient un album de Tribe Called Quest, et les gens (le mangeaient).

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Cette entrevue avec DJ Cut Killer, marque une occasion exceptionnelle en tant que première entrevue avec cette légende vivante du hip-hop. Elle témoigne de la portée et de l’importance de Cut Killer dans la culture hip-hop au niveau Internationale. 

Alors que Cut Killer s’apprête à faire son apparition sur La Carte Blanche, nous avons eu l’opportunité de mener une discussion à coeur ouvert avec l’artiste lui-même.

Pour les fans qui te connaissent et ceux qui te connaissent pas, peux-tu nous parler du gros projet qui arrive à grands pas pour toi avec ta participation à La Carte Blanche le 6 octobre prochain ?

Dans le cadre de mon passage sur les ondes de France TV à l’émission Carte Blanche, nous voulons faire revisiter au grand public les classiques de la chanson française en hip-hop.

Pour l’événement, Cut Killer a décidé d’inviter quelques guests, les artistes invités son Benjamin Epps, Bigflo et Oli, DJ Pone, DJ Fly, Joey Starrainsi que de jeunes talents prometteurs tels que Skia, Elena Copsi et Sicario78 seront de la partie qui offriront des performances exceptionnelles.

Louangé sur sa gentillesse de partager la scène, il répond :

Parce que je considère que la chanson française est aussi la musique actuelle et que l’essence même de ce que nous on considère le hip-hop regroupe énormément de choses.

L’évolution et l’innovation musicale seront au rendez-vous. Tout au long de sa carrière, Cut Killer a partagé la scène avec de multiples artistes. Aujourd’hui, visiblement, il maintient sa cohérence artistique et professionnelle en mettant en avant les nouvelles générations pour le bien-être de la culture hip-hop.

En tant qu’artiste, tu es versatile, tu possèdes plusieurs cordes à ton arc. Tu également un auteur ?

Oui, j’ai écrit avec Julien Civange le livre livre Mixtape 2.0 – 30 ans de culture hip-hop, qui est paru le 13 octobre 2022 et contient 224 pages sur l’histoire du hip-hop. Je retrace dans ce livre trente ans de morceaux, objets, personnalités, lieux et événements emblématiques qui ont marqué ma carrière.

Au niveau de ton 2e livre, tu as déjà commencé l’écriture. Qu’est-ce qui t’a fait en sorte que tu veuilles faire 2e livre, est-ce à cause des bonnes critiques ?

Non, j’ai un cahier des charges et une belle direction à vous partager puisque pour celui-ci, je vais travailler avec Les Éditions Belles lettres.

Dans sa façon de répondre, nous pouvons sentir l’amour dans son visage qu’il porte à l’essence même de la culture

Dans les faits, Cut Killer est l’un des piliers de la culture hip-hop francophone dans le monde après tout. Killer mentionne le passage de ses débuts avec son label Double H et les collaborations multiples de qualité auxquelles il a participé. Il évoque également l’arrêt de collaboration avec les maisons de disques en 2006.

Les maisons de disques ont pris un virage commercial artistique qui ne me rejoignait moins. Parce que nous avions en 1990 une direction de vie par rapport au hip-hop où nous étions révolutionnaires, le mouvement Entertainer… est arrivé en 2000. Au fait, c’est une discorde, mais je trouve tout à fait honorable ce qui se fait dans le rap en général.

La question qui tue, est-ce que le rap actuel est positif dans l’ensemble ?

Oui, parce que même le fait qu’une partie de la jeune génération s’intéresse plus du coté entertainer, d’autres sont plus axé sur le message d’un état des lieux malgré tout …

Dans quel sens ?

Je trouve que c’est intéressant parce qu’ils ont réussi à développer une espèce de nouvelle variété française et non juste une musique urbaine axée sur la musique française en général.

Que penses-tu de la culture hip-hop des dernières années ?

Le rap dans les 15 dernières années, tout le monde l’a mis de côté parce que le break est parti dans un sens, les MC sont devenus indépendants, les DJ ont fait leur petit bout de chemin. Le sens Hip-hop n’existait plus. C’est que là on voit dans les dernières années, on voit que l’industrie s’est créée à New York, tu vois la maison du hip-hop n’existe pas aux États-Unis, je pense que ça devrait être partout.

Cut Killer nous rappelle au passage dans l’entrevue qu’à l’époque le rêve était de sortir un album et de lancer son message. Les générations d’aujourd’hui ont une perspective différente.

Pour Cut Killer, la tendance a changé. C’est la façon dont on exploite la musique et que les jeunes l’appréhendent.

Ils vont sur les plateformes, écoutent un morceau, et s’ils l’aiment, ils l’écoutent trois semaines plus tard, un autre morceau sort. Le dernier son passe, et on écoute le nouveau. Les gens de l’époque avaient un album de Tribe Called Quest, et les gens (le mangeaient). Ce n’est pas comme aujourd’hui où les gens sélectionnent les chansons seulement, la facilité de la gratuité. 

Est-ce que le rap était mieux avant ?

Non, le rap n’était pas mieux avant ou moins bien aujourd’hui. On est dans une tendance ou certains artistes ne se réinventent pas et certain courant musical tourne en rond ? Du coup pour l’instant…

Et dans l’industrie ?

Tout le monde est arrivé à saturation. On arrive à un moment où personne ne sait réellement comment se démarquer, et on revient sur un cadre où les artistes vont avoir une réflexion plus intéressante et beaucoup plus axée sur une globalité de thématiques artistiques que de faire des bangers qui ne vont peut-être pas perdurer. Donc là, ça revient à une autre vision. Il y a des qui sont beaucoup plus éduqués aux niveaux musicaux et portent attention aux textes et d’autres aux rythmes parce qu’ils se sont dit que la tendance est super, mais pour perdurer en tant qu’artiste, il faut raconter une histoire. Donc aujourd’hui, on sur ce mouvement là où il y a des anciens qui disent “oui, il se et des tatouages partout, il rap n’importe comment, le texte ne veut rien dire que cela n’a aucun sens”, donc ils commencent à prendre des positions, et dans le monde entier, tout le monde commence à avoir cette position.

Donc à un moment donné, quand c’est comme ça eux-mêmes son blaser des artistes d’aujourd’hui, parce que eux-mêmes comme ils prennent la musique du moment, la musique ne dure pas, eux-mêmes. Un artiste qu’ils ont connu il y a trois ans, les jeunes s’en foutent. Visiblement, le ton dans sa voix est empreint de sincérité et de passion.

Tu parles d’éducation, les gens connaissent-ils la culture ?

Je trouve que c’est intéressant parce qu’ils ont réussi à développer une espèce de nouvelle variété française et non juste une musique urbaine axée sur la musique française en général.

Vous allez fêter les 40 ans du hip-hop en France, pourtant le Québec en 2023 va fêter les 40 ans du Hip-hop québécois, tu en penses quoi ?

En fait, il faut comprendre une chose très simple, en France comme aux États-Unis, le 11 août 1973 quand Kool Herc organise un Block Party et qu’un maître de cérémonie enregistre sur une cassette, le hip-hop existait déjà. C’était en 1971, et nous étions déjà dans une sorte de mécanique.

Qui sont les personnes qui étaient présentes avant 1973, parce que tout le monde connaît la fameuse histoire, mais on a l’impression qu’il y a plein d’artistes oubliés ?

Ce n’est pas qu’ils sont oubliés. C’est-à-dire que quand Kool Herc est arrivé, il faisait partie d’un mouvement où il était l’un des précurseurs. On lui donne plus de crédit que d’autres, mais ce n’est pas que les autres ont été oubliés, c’est qu’après, il a surfé sur la vague. Cela a été déterminé ainsi. En France, nous déterminons notre point de départ en 1984 avec l’émission de Sydney avec HIPHOP, mais il y avait déjà une atmosphère qui existait, parce que cela n’est pas arrivé du jour au lendemain.

Qui serait le premier selon toi dans l’histoire du rap francophone à avoir fait une chanson de rap ?

Phil Barney avait fait partie d’un groupe qui s’appelait “Chagrin d’amours” et avait fait un morceau “Chacun fait c’qui lui plaît” (en fait, il rappe) en 1982, quand ça est sorti. Potentiellement, ça serait lui, en termes de sonorité. Mais à cette époque, Phil Barney avait déjà une émission de radio et était proche de Sydney, qui était dans un cadre d’émission de funk. Eux, c’était une dérive du funk, et quand le Sugarhill Gang est arrivé, les gens ont tendance à dire que le hip-hop, c’est le Sugarhill Gang. En termes de disque, oui, mais en termes de hip-hop, ça existait avant. Nous n’avons pas de date précise parce que ça n’a pas été légitimé. Pour nous, les 40 ans commencent vraiment en 1984, où tout le monde est au courant.

Le hip-hop représente quoi dans le monde ?

Le breakdance est aux Jeux olympiques, cela dit tout sur la reconnaissance de la culture.

Tu vas faire la Maison du hip-hop à Paris ?

Oui, nous travaillons pour ouvrir la Maison du Hip-Hop qui ressemble à l’Institut du Hip-Hop, mais sans le musée. Notre objectif est d’avoir une salle de spectacle et un endroit pour offrir une éducation à la culture du hip-hop et plus encore.

Comptes-tu venir au Canada éventuellement ?

J’ai hâte d’y retrouver et surtout que j’ai toujours cette mixtape ‘’Freestyle Canada‘’ que j’avais produite à Montréal qui fais partie de mon parcours de dj et qui me font rappeler d’excellent souvenir.

Croyez-moi quand je vous dis qu’il chéri encore l’époque du Dagobert à QuébecCut Killer affection particulièrement le Québec.

Selon Cut Killer :

Cela montre que le hip-hop continue de grandir, de connecter des personnes du monde entier, et de créer des opportunités pour célébrer son héritage. La culture hip-hop est vivante et dynamique, et ces initiatives visent à la préserver, la promouvoir et la partager avec le monde entier.

Cut Killer, je te remercie de ce moment magique pour la culture hip-hop, ce fût un honneur.

Maison du hip-hop (Europe)

Institut du Hip-Hop (Canada)

http://www.institutduhiphop.com

Artiste:

DJ Cut Killer – LIEN 

Benjamin Epps – LIEN 

Bigflo et Oli – LIEN 

DJ Pone – LIEN 

DJ Fly – LIEN

Joey Starr – LIEN 

Skia – LIEN 

Elena Copsi – LIEN 

Sicario78- LIEN

Bonne Pioche – LIEN

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